Le naturalisme qui inspire les audaces de certains philosophes repose sur la conviction d’un ordre divin et immuable de la nature. Cette tolérance me valut le plaisir de découvrir, à la paresseuse, quelques grands textes, entre lesquels mon regard découvrait le décor de boiseries, globes terrestres, chaises Régence, quelques minois d’adolescentes tranchant sur les sévérités académiques, dans ce parfum du temps qui me pénétrait plus profondément que les mots. Ainsi le On peut donc placer l’apogée de l’allégorie au XIIIe siècle, sans mépriser pour autant les genres qui la cultivent à la fin du Moyen Âge. Ambivalent par nature, il est perçu comme une forme cryptée de la sagesse antique, qui fait appel à la sagacité et aux connaissances de l’interprète.

Bref, lors de nos repas familiaux, nous ne passions guère dix minutes sans que l’un de nous se levât et revînt, un énorme volume à la main, parfois plusieurs, ployant alors sous le fardeau. Read this book using Google Play Books app on your PC, android, iOS devices.

Download for offline reading, highlight, bookmark or take notes while you read Dictionnaire des Genres et Notions littéraires: Les Dictionnaires d'Universalis. L’art symbolique de l’âge roman cède en effet la place à une esthétique plus systématique, plus lumineuse. Ses limites sont alors constamment mises à l’épreuve par de nouveaux moyens d’expression. Mais, déjà à l’époque archaïque, l’art grec y recourt très souvent, notamment pour l’illustration des textes homériques : ainsi, au VIe siècle avant J.-C., le célèbre peintre athénien Euphronios figure Hypnos (le Sommeil) et Thanatos (la Mort) enlevant le cadavre de Sarpédon (À l’époque classique, les Grecs ont fait un large usage de l’allégorie dans leur imagerie politique, notamment en figurant le Démos (le Peuple), ou par des compositions allégoriques symbolisant par exemple l’alliance entre les cités par la représentation des divinités poliades en train de se serrer la main droite, car le geste de la À l’école des Grecs, les Romains ont multiplié les « allégories » d’autant plus facilement que leur sensibilité religieuse les conduisait depuis longtemps à diviniser un grand nombre de notions abstraites : dès l’époque républicaine et selon un mouvement qui n’a cessé de s’amplifier sous l’Empire, ils ont façonné pour leurs temples des images de la Fortune, de la Terre, de la Concorde, de l’Honneur et du Courage, de la Santé, de la Paix, etc. Je cherche une carte, des jalons, des recoupements. Mais ce changement de terme s’accompagne d’une restriction de sens : on désigne par le mot ἀλληγορία une forme de l’exposé littéraire plutôt qu’une méthode d’interprétation. La correspondance entre l’image et l’idée risque de ne plus être exactement suivie, sinon au prix d’une ingéniosité plus soucieuse de jeu que de vérité. Si l’allégorie devient le mode d’expression privilégié au XIIIe siècle, c’est parce qu’elle répond à un mode de représentation en accord avec les tendances intellectualistes de l’époque. Dans une telle perspective le temps n’a pas d’importance, et l’allégorie, en dépassant la singularité de l’événement et du sentiment, peut espérer désigner la vérité. ), et cette hiérarchie divine traditionnelle a sans doute préparé l’extraordinaire développement de l’« allégorie » à partir de l’époque classique. ), la question étant en outre traitée historiquement dans le cadre des grands courants littéraires. Je veux dire par là que j’essayais de ne jamais laisser une question en l’air, sans réponse, une hypothèse invérifiée, une date floue, un titre incertain, une attribution douteuse. Après Dürer (« la Mélancolie », « le Chevalier et la Mort »), songeons à Prud’hon représentant « la Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime », à Delacroix représentant « la Liberté sur les barricades », à Baudelaire dont les fameuses « correspondances » seront souvent mises au service d’une « moralité » du mal. Email. Il connaît ainsi un succès croissant dans la tradition néo-platonicienne de l’humanisme florentin, comme l’atteste l’intérêt manifesté vers 1419 par Poggio Bracciolini pour les Cette tradition ésotérique, traversant tout le XVIe siècle, génère des œuvres singulières qui, appréciées en leur temps pour leur caractère énigmatique, nourriront au XXe siècle les études iconologiques d’Aby Warburg et Erwin Panofsky. Ainsi la métaphore du Cette vision du monde, on peut la situer avec plus de netteté dans l’évolution de la pensée occidentale. Cependant, la critique moderne ne gagnerait rien à se laisser enfermer dans l’alternative du système ou de la magie. Dans le mythe, qu’on a parfois opposé au logos, elle sait retrouver aujourd’hui à la fois l’histoire et la raison. Quoi qu’il en soit, sous l’influence du positivisme latin, dans l’espoir de discréditer les croyances païennes tout en retenant leur sagesse, les premiers écrivains chrétiens ont eu volontiers recours à l’allégorisme. Entre le milieu du XVIe et le XIXe siècle, la personnification, favorisée par le développement de la normalisation académique, en devient le mode privilégié. Si l’allégorie a parfois pu être confondue avec ces autres figures, c’est que son mode de signification se fonde également sur une structure métaphorique jouant constamment selon un procédé de substitution qui lui donne toute sa force poétique et expressive.